Le point sur la grève étudiante – Un gâchis

Bloc-notes à l’intention des enseignantes et des enseignants de cégep

Texte publié par la FNEEQ le 14 mai 2012.

Le mouvement de la grève étudiante entre manifestement dans une nouvelle phase. Incapable de gérer correctement la crise, coincé par son orgueil, le gouvernement laisse pourrir les choses, qui se sont envenimées ce matin à Rosemont et à Lionel-Groulx, là où des étudiantes et des étudiants ont empêché la reprise des cours prévue pour celles et ceux qui avaient demandé des injonctions.

Ces injonctions, dont le traitement laxiste a permis que s’y ajoutent «à volonté» des étudiantes et des étudiants moyennant la somme de 100 $, ont, sur le terrain, toutes sortes de conséquences inacceptables. Plusieurs enseignantes et enseignants sont placés dans une situation impossible, obligés de donner des cours à une poignée d’individus ayant utilisé la voie légale pour contourner la décision de leur assemblée générale. Ils doivent enseigner dans un climat intolérable, sans compter les problèmes techniques et éthiques que cause cette obligation dans un contexte ou des étudiantes et des étudiants peuvent s’ajouter au fil des jours, ce qui rend toute planification pédagogique à peu près impossible à réaliser.

Reprise des sessions et calendriers

Au moment d’écrire ces lignes, nous n’avons aucune information sur l’état de la situation des pourparlers entre les organisations étudiantes et le gouvernement. Nous sommes en contact avec la Fédération des cégeps sur la question d’un possible «sauvetage» de la session. À l’évidence, des aménagements à la convention collective devront être faits; le cas échéant, le
regroupement cégep, lors de sa réunion de la semaine dernière, a convenu que nous négocierions, sur le plan national, les modalités résultant d’une entente locale préalable. Rappelons cependant que, pour nous, il est impératif que le nombre d’enseignantes et d’enseignants demeurent à la hauteur prévue l’an prochain. La Fédération des cégeps défend la même ligne, mais souhaite que les coûts soient d’abord imputés à la masse salariale en attendant d’être l’objet d’interventions politiques ultérieures.

Inutile de dire que nous ne logeons pas à cette enseigne. Nous croyons qu’il y a d’autres postes budgétaires qui peuvent servir à couvrir les coûts reliés à la reprise, mais, surtout, nous estimons aussi que, dans la situation assez exceptionnelle que nous vivons actuellement, le Conseil du Trésor devrait être capable d’envoyer rapidement un signal politique sur cette question. Nous lui avons demandé un tel signal, mais n’avons, jusqu’ici, reçu aucune réponse à ce sujet. Le gouvernement réagira probablement après son conseil des ministres de mercredi; nous saurons alors davantage comment envisager la suite des choses.

Voici les plus récentes nouvelles des cégeps touchés par la grève

Rappelons d’abord que la CLASSE, la FECQ, la FEUQ et la TaCEQ ont toutes rejeté l’offre gouvernementale après avoir consulté leurs assemblées générales, seules les associations étudiantes des cégeps de Granby, de Rimouski ainsi que de la Gaspésie et des Îles (campus de Gaspé) s’étant prononcées en sa faveur. Signalons aussi que, dans les deux dernières semaines, les étudiantes et les étudiants des cégeps de Sherbrooke, de Saint-Jean-sur-Richelieu, de Lanaudière à Terrebonne, de l’Outaouais et de Lanaudière à Joliette ont décidé de retourner en classe après de longs débrayages. Dans le dernier cas, toutefois, il y aura de nouveau un vote demain, un vice de procédure ayant entaché celui de vendredi.

À Ahuntsic, où les étudiantes et les étudiants ont reconduit la grève mercredi dernier et se prononceront encore sur cette dernière dans deux jours, une première injonction, demandée par sept personnes, a été accordée vendredi matin. À André-Laurendeau, une première requête en injonction, déposée au nom de 58 étudiantes et étudiants, a été entendue ce matin au palais de justice de Montréal.

À Édouard-Montpetit, deux injonctions touchant environ 27 étudiantes et étudiants prenaient effet aujourd’hui. Cependant, ce matin, les grévistes ont érigé un piquet hermétique et la direction a levé les cours pour la journée; les choses se sont passées dans un calme relatif.

À Lionel-Groulx, le juge ayant amendé l’injonction à de multiples reprises pour y ajouter un grande nombre de requérantes et de requérants, le Collège doit impérativement s’assurer que plus de 300 étudiantes et étudiants puissent suivre leurs cours. Ce matin, il y a eu beaucoup de tension entre les « rouges », qui avaient décidé de défier l’ordre du tribunal en bloquant l’accès au collège, et les « verts », si bien que l’unité antiémeute de la police a dû s’interposer entre les deux groupes. La direction a finalement décidé de renvoyer le personnel chez lui et de réévaluer la situation sur l’heure du dîner. Par ailleurs, une nouvelle requête touchant toutes les étudiantes et tous les étudiants suivant les mêmes cours que les demandeurs est examinée au moment d’écrire ces lignes.

À Maisonneuve, où une quinzaine de personnes se voient offrir du tutorat à la suite de l’acceptation de leur requête, l’association étudiante a reconduit le débrayage vendredi.

À Marie-Victorin, vendredi, le juge a fait droit à une première demande en injonction, qu’avaient déposée deux étudiants.

À Montmorency, le Collège doit composer avec une injonction concernant plus de 340 étudiantes et étudiants. Vendredi, le syndicat des profs a organisé une marche silencieuse pour dénoncer le bâillonnement de la démocratie. Cet événement aura lieu une nouvelle fois tôt demain matin. Le syndicat songe en outre à faire circuler une pétition demandant à la direction de lever les cours pour des raisons de santé psychologique.

À Rosemont, la direction, également aux prises avec des injonctions, a décidé de forcer un retour en classe généralisé aujourd’hui, mais elle a dû reculer en raison de l’efficacité du blocus instauré par les grévistes. Elle compte cependant se reprendre demain.

À Saint-Hyacinthe, des injonctions obligent également le Collège à donner de l’enseignement. L’une d’entre elles, obtenue le 4 mai, permet à toutes les personnes inscrites aux mêmes cours que les requérants de les suivre. De plus, une ordonnance de sauvegarde rendue aujourd’hui rendant possible la chose, sur son site Web, l’établissement invite l’ensemble des étudiantes et des étudiants à remplir un formulaire d’inscription d’ici mercredi midi en vue d’être couverts par la décision du 4 mai.

À Saint-Jérôme, la grève se poursuit; le dernier vote de reconduction s’est tenu le 9 mai.

À Saint-Laurent, à la suite d’une entente consécutive à deux injonctions, quatre étudiantes et étudiants ont droit à du tutorat. Toutefois, deux nouvelles requêtes sont entendues aujourd’hui.

À Valleyfield, l’association étudiante a renouvelé son mandat de grève ce matin.

Au Vieux Montréal, le débrayage a été reconduit mercredi dernier.

Le point sur la grève étudiante – Un gâchis

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